Cultiver son intelligence émotionnelle
Tout le monde a déjà connu la sensation vertigineuse d’une bouffée d’émotion. Un mot, une rencontre, une situation, une musique ou même une odeur ont le pouvoir de déclencher en nous une réaction. Celle-ci est une réponse à une stimulation inconsciente, l’écho d’un vécu qui engendre des remous dans la tête et sur le corps.
Si les humains ont une “programmation émotionnelle” commune, héritage de leurs lointains ancêtres, ces schémas propres à l’histoire de chacun exacerbent le ressenti. Parfois, les faits sont perçus plus douloureusement en fonction du passé, ce qui peut être difficile à supporter, voire même représenter un handicap au quotidien. Il convient alors de se pencher sur son émotivité pour apprendre à l’apprivoiser. Je vous emmène faire un tour au jardin des émotions…
Reconnaître les émotions
Avant de nous pencher sur leur impact psychique et physique, il est important de nommer les émotions, distinguées en deux groupes.
Il y a tout d’abord celles inscrites dans nos gènes, garantes de la survie de tout être vivant, règne animal compris.
Les émotions primaires
Celles-ci sont primordiales puisqu’elles créent un état d’alerte et préparent le corps à une action, comme prendre la fuite ou se défendre.
Elles sont au nombre de six :
- la peur
- la colère
- le dégoût
- la surprise
- la joie
- la tristesse
Depuis l’aube de l’humanité, les 4 premières offrent une protection face à une situation de danger immédiat, tandis que la joie et la tristesse marquent l’appartenance à un groupe sans lequel la survie serait compromise.
Leur décodage est universel puisqu’on les reconnaît partout sur Terre, sans qu’une communication verbale ne soit nécessaire, même si elles s’extériorisent différemment dans certaines cultures.
Les émotions secondaires, ou mixtes
Elles se caractérisent par un côté plus réfléchi et résultent d’un mix d’au moins deux émotions de base. Qualifiées parfois d’agréables ou de désagréables, elles ont toutes un caractère positif par le message qu’elles véhiculent. Elles évoluent tout au long de la vie, influencées par la famille, la société, le vécu…
À titre d’exemple, on peut citer le mépris, la honte, la culpabilité, la méfiance, la jalousie, la timidité, l’euphorie, la gratitude, la confiance, mais aussi… l’amour !
Les psychopraticiens et les coachs emploient des outils de mesure, comme la roue des émotions, pour les classer selon l’intensité du ressenti.
Il y a en effet différents degrés entre la contrariété et la rage, entre l’appréhension et la terreur ou entre la gaieté et l’extase !
Cette classification permet de pouvoir poser le mot juste sur son état intérieur et de comprendre pourquoi le corps et l’esprit s’emballent ou dysfonctionnent. Car elles ont un rôle comportemental majeur, on dit d’ailleurs qu’une émotion se vit.
Définition d’une émotion et de son impact
L’étymologie du mot émotion nous mène au mot latin “motio” qui signifie “action de (se) mouvoir”. Et c’est là leur rôle : mettre en mouvement un processus psycho corporel qui fait écho à un stimulus interne ou externe.
Vivre ou ressentir une émotion est une réponse instinctive à un événement extérieur. La puissance de l’émotion est dictée par ce pilote automatique qu’est notre inconscient.
Ce mécanisme-réflexe naît dans le cerveau limbique et déclenche un engrenage physiologique, psychologique et cognitif.
Les influx du système nerveux cheminent alors en quelques millisecondes. En cas de peur ou de stress, ils passent en premier lieu par l’amygdale cérébrale qui analyse s’il y a un risque vital. Si oui, la réaction est purement primitive, le cerveau est mis en mode off, comme c’est le cas dans l’amnésie traumatique.
Sinon, les influx continuent leur parcours dans le cortex et provoquent une succession d’éléments qui poussent le corps à réagir, notamment via la sécrétion d’hormones : adrénaline, endorphine, sérotonine, cortisol, dopamine…
Chacune d’elles a une fonction chimique précise sur les différents organes.
Vague de joie ou océan de tristesse, elles sont responsables d’un tsunami d’effets : du cœur qui bat la chamade à l’accélération du rythme respiratoire, des pupilles qui se dilatent à l’estomac qui se noue en passant par des suées, des larmes, une agitation musculaire ou l’envoi de sucre dans l’organisme pour stimuler les muscles.
Mais notre corps n’est pas le seul à réagir, car il envoie des signaux silencieux que le cerveau de l’interlocuteur capte et déchiffre tout aussi vite.
Il va à son tour réagir à ce trouble avec une émotion, telle que l’empathie, la surprise ou l’agressivité.
Les émotions régissent une grande partie des relations humaines et sociales !
C’est la raison pour laquelle les blocages émotionnels (ou certaines maladies comme la schizophrénie ou l’autisme), empêchent une vie sociale harmonieuse tout autant qu’une vie personnelle épanouissante.
Émotion ou sentiment ?
“Les émotions se manifestent sur le théâtre du corps ; les sentiments sur celui de l’esprit.”
Cette citation d’Antonio R. Damasio traduit immédiatement la subtile différence entre une émotion et un sentiment.
Les sentiments sont les fruits d’une ou plusieurs émotions, mâtinées de pensées. Par opposition aux états émotionnels purs, ils peuvent perdurer ou évoluer dans le temps. Une émotion revêt un caractère plus instantané, plus bref, même si elle est forte et nous submerge !
Entre eux deux se joue la notion de prise de conscience d’un état émotionnel.
La meilleure illustration en est la joie, qui peut être transcendante à un instant T, à la satisfaction d’un besoin ou d’une envie. Cependant, même si elle marque l’esprit, elle n’aura qu’un effet très court sur le corps.
Un état de bien-être général, un souvenir joyeux, peut lui, par contre, faire naître et perdurer un sentiment de joie.
La gestion des émotions
Il y a un message caché derrière chaque démonstration d’émotivité, qu’il est intéressant de décrypter pour garantir un équilibre intérieur.
Il est important qu’une personne hypersensible sache identifier et canaliser ses émotions, pour éviter un mal-être, une souffrance.
Son hyperémotivité est perceptible de tous :
- peur irrationnelle,
- pleurs,
- stress et inquiétude,
- impossibilité de prendre la parole en public,
- difficultés relationnelles,
- rougissement,
- bégaiement…
Le niveau émotionnel, l’intensité du trouble, dépend de la systémie familiale, des expériences de vie, d’éventuels traumatismes…
Bien évidemment, un deuil, la perte d’un emploi ou tout autre événement dramatique peuvent entraîner des états émotifs difficiles à gérer.
Cependant, il est capital de canaliser le débordement émotionnel pour ne pas rester prisonnier de ses effets.
Avec une bonne compréhension de sa sensibilité, il est possible de prendre du recul et de calmer ses pensées avant que le corps ne prenne la parole.
Savoir accueillir ses émotions, comprendre ses réactions, et par extension celles des autres, sans inconfort ni mal-être est une aptitude que l’on appelle l’intelligence émotionnelle.
Cette compétence se résume en quelques points :
- savoir nommer l’émotion en cause,
- comprendre le besoin exprimé à travers elle,
- apprendre à la réguler pour en atténuer la force,
- savoir exprimer son besoin avec une communication non violente,
- utiliser toutes ses émotions comme guides pour avancer dans la vie.
Ainsi, en présence d’un facteur déclenchant, il faut savoir accepter son état intérieur tel qu’il est. Il ne s’agit en aucun cas de refouler ses émotions, mais de pouvoir les extérioriser, les verbaliser afin de lâcher-prise.
Lorsque le besoin s’en fait ressentir, il faut s’autoriser à s’isoler quelques minutes, à employer une technique de respiration ou à pratiquer la méditation en pleine conscience pour se concentrer sur soi et se recentrer.
Ces soupapes, au même titre que la relaxation, la tenue d’un journal intime ou le sport, sont les alliées des émotifs et des empathes.
Si les manifestations sont trop importantes ou empêchent une vie normale, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à un thérapeute expert en compétences émotionnelles.
L’approche est le plus souvent holistique puisque le consultant bénéficie d’une écoute active et de l’appréciation globale de ses maux. Le praticien emploie également des outils comme le décodage biologique pour déchiffrer un malaise trahi par le corps et lui donner du sens. Le non verbal apporte une lecture du baromètre interne qu’il convient de ne pas ignorer.
Vivre ses émotions est absolument normal, les subir non.
Mais pas question de cacher ses ressentis derrière une armure alors qu'il est possible de faire baisser la température émotionnelle tout en restant authentique !
La gestion des émotions est un apprentissage. Si vous ressentez des difficultés avec les vôtres, je vous propose de venir en parler au cabinet.